Méditation du Petit Journal de Sainte Faustine – 21 jan. 2022

Voici ce qu’écrit Soeur Faustine en août 1937, à l’intention de son père spirituel :

« O Jésus, quelles ténèbres m’entourent et quel néant m’envahit ! Mais, mon Jésus, ne me laisse pas seule,
accorde-moi la grâce de la fidélité. Je ne peux pas pénétrer le mystère de cette épreuve que tu permets,
mais il est en mon pouvoir de dire ‘Que ta volonté soit faite.’ » (PJ. 1237)

Méditation :

Saint Jean de la Croix, au XVIème siècle, écrit qu’il est difficile de comprendre que « plus la lumière divine qui pénètre dans notre âme est pure, plus elle produit de ténèbres en nous St Jean de la Croix, La nuit obscure, partie « Nuit obscure de l’esprit » au ch. IV (VIII) : « Autres peines de l’âme en cet état ») ».

La nuit spirituelle qui envahit, parfois pendant de longues périodes, l’âme du croyant très fidèle lui donne une impression de vide : il croit qu’il ne peut plus prier, il pense que Jésus le délaisse. Il n’a plus le désir de s’occuper des affaires que Dieu lui a confiées, il se sent perdu dans le monde où il vit et même dans la prière, où il pense qu’il n’a plus de moyens d’entrer. Il assiste à la messe et à la prière commune avec persistance, heureusement, mais les mots lui paraissent vides de sens et la relation à la communauté n’est plus qu’une routine. Il vit une dépression spirituelle. Mais, comme l’explique saint Jean de la Croix, c’est une grande épreuve de purification qui est voulue par Dieu. Dieu est là, il fait son oeuvre dans notre coeur, alors que nous avons l’impression qu’il préfère se faire absent et ne pas se manifester. Mais c’est la Miséricorde qui agit sur nous, car la confiance est en jeu.

Soeur Faustine ressent cela depuis plusieurs mois quand elle écrit ces lignes et elle ne cesse de s’en plaindre à Jésus. Elle essaie de mettre des mots sur cet état et sur son besoin de se réfugier dans une forme de solitude pour retrouver Jésus, dans le silence et dans l’écriture.

Et ce sont précisément l’écriture et la plainte continuelle et répétée qui vont la tirer de cet état, par la grâce de Dieu. Et voici une première médecine qui va s’imposer à elle : rester fidèle, dans l’attente patiente, à ce Dieu qui reste très silencieux et qui se laisse désirer, et prononcer la formule du Tableau qui représente sa Miséricorde : « Jésus j’ai confiance en toi ». Oui, quoi qu’il m’en coûte, Jésus, j’ai confiance en toi ; je resterai fidèle à la prière et à la messe, et je méditerai sans cesse ces mots : ‘Non pas ce que je veux pour moi, Seigneur, mais ce que toi, tu veux pour moi’.

Pour expliciter cet état de l’âme, Saint Jean de la Croix prend l’image du rayon de soleil qui traverse une pièce. Si le rayon n’est arrêté par aucune poussière, il est invisible à l’oeil comme rayon, il n’est que pure lumière : c’est comme si Dieu ne voulait pas se manifester tout en étant présent naturellement à l’âme. Mais si une poussière, une impureté, arrête le rayon, on a l’impression de voir le rayon alors qu’on ne voit que la réverbération qu’il produit. Et c’est donc par cet obstacle que produisent les particules que l’on croit voir de la lumière.

Eh bien, l’épreuve est là : des scories nous empêchent de voir que le Seigneur est réellement présent à l’humanité et à nous en particulier. Ce qui compte pour nous, c’est davantage notre désir propre, notre volonté propre et les projets que nous formulons pour notre bien-être, que ce que Dieu veut pour nous.

Et de nous, il veut parfois tout. Il attend donc, dans sa miséricorde, que notre coeur se purifie encore davantage des poussières qui empêchent le rayon pur des grâces divines de pénétrer sans encombre dans notre coeur.

Que les affections inutiles qui nous tiennent tant à coeur, que les sentiments qui mettent trop en avant notre moi, disparaissent le plus possible, pour que nous gagnions toujours davantage en humilité. Que les petits fragments de poussière du moi et de notre volonté propre cessent de se réjouir de danser dans la lumière, car ils arrêtent les grâces que le Seigneur veut nous dispenser.

fr. Pierre Sokol et Isabelle Kamaroudis

relecture par le Père Dominique Aubert