Méditation du Petit Journal de Sainte Faustine – 18 marc 2022

Voici ce qu’écrit sœur Faustine le 26 février 1937 à l’intention de son père spirituel :
 
     « + Je chemine au milieu de la vie parmi les arcs-en-ciel et les orages, mais je garde la tête haute,
parce que je suis un enfant de Roi, parce que je sens que le sang de Jésus circule dans mes veines,
et parce que j’ai mis ma confiance en l’immense miséricorde du Seigneur » (PJ 992)

 

Méditation :

Sœur Faustine est à l’hôpital depuis plusieurs semaines. Ses épreuves physiques liées à la tuberculose se succèdent, mais son activité spirituelle est intense. Ces lignes sont la suite d’une vision qu’elle vient d’avoir et qui l’a bouleversée parce qu’elle ne peut pas l’expliquer : dans une sorte d’église de catacombes, un lieu de privation dans un temps de guerre, se déroule une messe dans le plus grand dépouillement matériel, mais d’où jaillit la gloire lumineuse du Christ Eucharistie qui attire tous les regards et qui absorbe toutes les autres lumières du lieu.

Cette vision concerne chacun des membres de l’Eglise irriguée par le sang de Jésus répandu depuis la Croix.
Le disciple du Christ ne peut pas se laisser balloter au gré des événements locaux ou mondiaux du temps présent, au gré des crises et des arcs-en-ciel ; il n’a pas non plus à chercher à plaire, à s’adapter à des morales à la mode ou fluctuantes. Il doit fixer son regard sur une exigence toute autre, celle de dépendre entièrement de la volonté de Dieu : le Royaume de Dieu est là, présent au milieu du monde, Dieu avec nous, et il nous appelle à la conversion constante et profonde jusqu’à la pleine confiance en lui. Et tant que nous ne faisons pas d’acte d’abandon, nous ne pouvons pas sentir le sang de Jésus irriguer tout notre être, toute notre vie.

Mais accepter d’être l’enfant du Roi de gloire, c’est accepter de vivre le chemin de Croix, c’est accepter la montée au Golgotha pour pouvoir vivre un jour de toutes les grâces qui en seront dispensées. Notre moi qui voulait être le centre du monde, qui voulait marcher seul au milieu de la vie, accepte un jour de se glisser dans le corps de Jésus qui monte vers le sommet de sa Passion et qui est épuisé par les humiliations et les blessures graves qu’il endure. Jésus tombe sous le point de la croix, et nous tombons à genoux, et nous nous relevons en lui. Jésus est insulté, et nous acceptons les insultes et les moqueries sur notre propre visage. Jésus est secouru par un passant réquisitionné, et nous soufflons un peu, avant de re-trébucher et de retomber parce que nous comptons encore trop sur nous-mêmes et pas assez sur Dieu. Jésus confie son visage en sang au linge parfumé de Véronique, et nous approchons de la contrition. C’est ainsi que pas à pas, nous montons vers l’instant où nous serons hissés avec le Seigneur de gloire sur la Croix, au-dessus des hommes.

Le Roi de miséricorde demande pour ses frères le pardon pour le mal qu’ils font, et nous devons le faire, dans la confiance que c’est cela qui fait progresser le monde. Le Roi de miséricorde se remet totalement entre les mains du Père et nous devons nous abandonner aussi parce que c’est ainsi que Dieu peut agir sur le monde sans être arrêté par nos égoïsmes et nos projets qui nous arrangent.

« Je veux que là où je suis, dit Jésus, eux aussi soient avec moi et qu’ils contemplent la gloire que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. » (Jn 17, 24). Là où le Seigneur est, ce sont d’abord les lieux de douleur, de souffrance et d’épreuves, et c’est là que nous devons être, au milieu de la vie des hommes de notre temps, parmi leurs orages et leurs arcs-en-ciel, pour eux. Parce que le plus souvent ils ne connaissent pas qu’il est possible de remettre totalement sa vie entre les mains de Dieu. Nous leur témoignons que pour être relevés de toutes nos épreuves, nous devons entrer dans la confiance en l’immense miséricorde du Père, Lui qui relève Jésus Christ d’entre les morts, et nous en Lui.

fr. Pierre Sokol et Isabelle Kamaroudis
relecture par le Père Dominique Aubert